Le défi du fonds SENS : rendre l’entrepreneuriat accessible avec une solution de financement inédite
Des inégalités significatives entre les entrepreneurs
L’envie d’entreprendre est plus forte dans les quartiers qu’ailleurs : on recense un taux de création de 2,2% sur la population active des QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville) contre 1,7% en France en 2021. Malgré leur détermination, les entrepreneurs des territoires moins favorisés se heurtent à de nombreux obstacles dans la réalisation de leur projet. Le phénomène de « plafond de verre » dépasse les murs de l’entreprise et concerne aussi l’écosystème entrepreneurial. Bien que ce concept date des années 70, le bilan reste mitigé aujourd’hui. En 2021 :
- 16% des entrepreneurs de QPV ont recours à des subventions, aides publiques, ou prêts d’honneur contre 42% ailleurs.
- 36% des entrepreneurs de QPV ont le sentiment d’avoir manqué de conseils pour mettre en place leur projet, contre 22% hors des quartiers.
- 29% de femmes créatrices d’entreprises dans les QPV contre 31% hors des territoires moins favorisés.
Un constat aberrant, mais pourtant bien réel : l’accès à l’entrepreneuriat est plus difficile pour les porteurs de projet issus de milieux populaires que pour les autres. Même si des solutions concrètes existent, elles semblent encore insuffisantes pour réduire les écarts persistants.
Selon un rapport public, il semblerait même que la multiplicité des dispositifs nuise à la lisibilité de l’offre pour les entrepreneurs qui ne savent pas toujours vers quel organisme se tourner. Par ailleurs, la discrimination et la sous-représentation des femmes dans l’entrepreneuriat sont des problèmes de société qui dépassent les frontières.
Pourtant, entreprendre est indéniablement un moyen d’émancipation pour les femmes et les hommes des territoires moins privilégiés. Face à ces inégalités ancrées dans notre société, l’Ascenseur, la coalition d’acteurs réunis autour de l’égalité des chances, porte le fonds SENS pour démocratiser l’accès à l’accompagnement et au financement des entrepreneurs.
Une solution d’accompagnement et de financement inédite en faveur d’une économie plus inclusive
Animés par le besoin et la volonté d’agir ensemble, Saïd Hammouche, fondateur de la Fondation Mozaïk et Hawa Dramé, fondatrice de Time2start, initient le fonds SENS. À travers leur expérience au sein de l’Ascenseur, les deux entrepreneurs sociaux ont compris que « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », comme le dit la devise de la coalition qui œuvre pour l’égalité des chances.
Hawa Dramé, fondatrice de SENS et de Time2start
Saïd Hammouche, fondateur de SENS et de la fondation Mozaïk
C’est ainsi que le fonds SENS est né : une coalition d’acteurs qui réunit des acteurs privés et des organismes de l’économie sociale et solidaire. Le fonds SENS devient un point d’entrée unique et permet la mise en commun d’expertises, de ressources et de réseaux afin d’atteindre de plus grands objectifs en faveur d’une économie plus inclusive. Ainsi, il apporte une réponse collective en matière d’accès à l’accompagnement et au financement des entrepreneurs de quartiers populaires avec une solution inédite :
- Un prêt accessible à taux zéro, sans garantie, sans couplage bancaire, ouvert à tous les secteurs d’activité, pour financer tout type de besoin
- Un accompagnement qui complète l’offre existante et facilite l’accès à davantage d’organismes de financements
- Un soutien dédié aux talents des territoires moins favorisés, dont au moins 50% de femmes.
Les critères de sélection des entrepreneurs éligibles au fonds SENS sont totalement transparents et reposent essentiellement sur le potentiel de réussite du projet entrepreneurial, le profil de l’entrepreneur et sa capacité à mener à bien ses objectifs.
Une raison d’être collective
La raison d’être du fonds SENS n’est pas de se substituer aux acteurs de l’accompagnement et du financement existants, mais de rassembler les forces de frappe des organismes de l’écosystème au sein d’une même coalition afin de créer des synergies et de réaliser ensemble de plus grands progrès. Bouger les lignes au sein de la société est un combat de longue haleine qui n’aboutira que si l’on agit collectivement.
Aujourd’hui, le fonds SENS recense des organismes tels que la Fondation Mozaïk, la Ruche et Quartiers d’affaires qui mettent leur expérience à contribution ainsi que des membres de l’écosystème entrepreneurial tels que Time2Start, l’Adive, My Créo Académy, Femmes des territoires, Positive Planet et Entrepreneurs dans la ville. La coalition poursuit sa croissance continue et a pour ambition de réunir plus de 50 organismes d’ici quelques années, notamment des acteurs du financement.
Par ailleurs, le fonds SENS a déjà des soutiens de taille tels que PwC, BNP Paribas, SFR, AstraZeneca, Sanofi ainsi que des donateurs privés qui ont permis au fonds SENS de réaliser de grandes avancées. La coalition s’est également élargie aux soutiens américains grâce à l’obtention de l’equivalency determination, un processus permettant de certifier qu’une structure est équivalente à un organisme de bienfaisance américain.
Lancé officiellement en septembre 2022, le fonds SENS a collecté plus de 2 millions d’euros dont la moitié serviront au financement d’entrepreneurs talentueux. Aujourd’hui, le fonds SENS a déjà financé 16 entrepreneurs talentueux, dont la moitié sont des femmes.
Le fonds SENS veut montrer qu’en alliant ses forces, les acteurs de l’écosystème entrepreneurial et financier seront plus à même de faire bouger les lignes et insuffler un réel changement dans la société.
Sources :
Étude BPI France 2021 : « Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels »
Étude BPI France 2021 : « Les profils des femmes entrepreneures dans les quartiers : les statistiques clés »
Rapport public 2015 : « Propositions pour la création d’une agence nationale pour le développement économique des territoires »